SE FORMER Des étudiants en première ligne contre Popillia japonica
Grâce à l’engagement de jeunes en BTS, le lycée Costa de Beauregard, à Chambéry, est à la fois une sentinelle et un ambassadeur pour un projet européen Erasmus+ « SOS Popillia » visant à prévenir la propagation du scarabée japonais.
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À Chambéry (73), des étudiants en première année de BTSa « Métiers du végétal, alimentation, ornement et environnement » (MV-AOE) de la promotion 2023-2025 et des enseignants du lycée agricole privé Costa de Beauregard* ont pu participer à un camp d’été en juillet 2024. Dans la région du Piémont, en Italie du Nord, il s’agissait de rencontrer des spécialistes ainsi que des producteurs touchés par un coléoptère ravageur, communément appelé « scarabée japonais » (Popillia japonica). Leur objectif : réaliser un film informatif afin de sensibiliser le grand public mais surtout les cultivateurs. Car cet invasif représente une menace sérieuse pour l’agriculture et les écosystèmes en Europe.
Après avoir capturé les images lors de l’observation de l’insecte dans son environnement en Italie, la vidéo « Popillia japonica, une menace silencieuse pour nos cultures », a finalement été mise en ligne sur YouTube le 23 octobre 2024). Elle sert également de support préalable lors d’interventions, en plus d’une présentation plus classique.
De l’observation en Italie à la sensibilisation en France
En mai 2024, les professeurs présentaient l’ensemble du projet à la classe de BTSa qui a adhéré tout de suite et pris cette mission très au sérieux. Ils se sentaient d’autant plus concernés que Chambéry se trouve en proximité de zones sensibles.
« Dans un premier temps, pour nous aider à réaliser le support vidéo, nos professeurs ont trouvé une professionnelle, Audrey Martenon. Productrice et réalisatrice, elle nous a formés en quelques heures à la réalisation d’un reportage, au choix du format, à l’écriture du script. Nous avons préparé des questions et le choix des images, répertorié des lieux de tournage et des interviews à mener… tout en apprenant les bases pour utiliser la caméra, le choix des plans », relatent les étudiants.
Dans un second temps, du 9 au 12 juillet 2024, Léa Beaudet et Flora Douchet, en stage Erasmus en Italie, se sont rendues à Turin, accompagnées de quatre enseignants, pour trois jours de rencontres et de formation.
Au cours de ce « Summer Camp » (camp d’été), ils ont découvert Popillia japonica, rencontré et interviewé cinq experts et trois exploitants dans leurs vignes et leurs champs de myrtilles ravagés par le coléoptère. Avant leur retour, ils ont découvert les moyens de lutte contre sa propagation (pièges à phéromones, drones, stratégies de surveillance…).
Dans un troisième temps, la classe s’est lancée dans le montage à proprement dit de la vidéo. Celle-ci explique, au travers de témoignages, divers aspects de l’insecte : son origine, sa description physique, son mode d’action, les cultures et les régions principalement touchées. Sans oublier les mesures mises en place, en Italie, pour contrer son expansion, mais aussi comment signaler sa présence pour protéger les cultures.
« À la rentrée en septembre 2024, nous nous sommes rendu compte des difficultés du montage. Avec Audrey Martenon, les derniers ajustements ont permis d’incruster les images, les sous-titres comme la traduction en anglais », observent les étudiants.
Depuis le début 2025, dans une quatrième séquence, avec le support vidéo finalisé et une présentation sur PowerPoint réalisée, les étudiants en deuxième année ont pour mission d’organiser des interventions de prévention dans des lycées agricoles de la région Auvergne- Rhône-Alpes (Aura) et des conférences. Avec leurs enseignants, ils partagent leurs connaissances et les bonnes pratiques auprès de professionnels et des habitants de la région qui sont amenés à circuler entre la France, l’Italie et la Suisse. Leur préconisation majeure : « une grande prudence est requise pour éviter de ramener Popillia japonica en France ».
« Nous et nos enseignants sommes, par exemple, intervenus lors de rencontres avec Adabio, réseau qui accompagne les agriculteurs biologiques et les collectivités dans leurs projets de conversion, d’installation et de promotion de la bio. Ou encore en lien avec la Fredon Aura**. »
Accompagnés de Luc Lacourt, professeur d’horticulture, Flora Douchet, Abigaëlle Bertin-Comte et Jérémie Fauché, tous trois en deuxième année de BTSa MV-AOE, ont présenté ce projet mercredi 26 février, pendant une heure en fin de matinée, à l’Agora du pôle Agri’Métiers, durant le 61e Salon international de l’agriculture (pas moins !), à Paris. La présentation a été suivie d’un échange.
Leur travail de communication commence à porter : « À la suite de la publication d’un article dans Le Dauphiné libéré, un habitant de Chavanod (74) a adressé un courrier à “l’équipe des chercheurs du lycée”, pour signaler la présence d’un scarabée trouvé sur son balcon et pouvant ressembler à Popillia japonica… une bonne façon de démontrer aux élèves le pouvoir et l’utilité des médias pour informer et sensibiliser le grand public ! » se réjouit Vanessa Colombier, responsable de la communication de la Fondation du Bocage au sein du lycée Costa de Beauregard.
Les étudiants persévèrent : cette année, la classe s’est également scindée en trois groupes pour travailler sur le retour et le partage de leur expérience dans Le Lien horticole, afin de relater les étapes et les apprentissages, travail qui constitue le cœur de cet article.
Un engagement pour la protection des cultures
Ce projet interdisciplinaire a été mené en associant sept enseignants du lycée : Fabienne Dumas (histoire-géographie, documentaliste, qui œuvre pour la coopération internationale), Muriel Essonnier (éducation socio-culturelle), Nathalie Kromm (biologie-écologie), Luc Lacourt (horticulture), Loïc Tilly et Michèle de Saint-Phalle (sciences et techniques horticoles), ainsi que Vanessa Colombier (communication). « Cette expérience a non seulement enrichi notre savoir-faire technique et notre compréhension des enjeux agricoles, mais elle a également renforcé notre engagement pour la sensibilisation à l’environnement et à la protection des cultures », concluent les étudiants avant de se mobiliser pour leur examen en juin prochain.
*Lycée membre du réseau privé CNEAP.
**Le réseau national Fredon intervient principalement dans des missions de surveillance du patrimoine végétal français, de gestion des espèces nuisibles à la santé humaine, aux végétaux et à l’environnement.
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